Cours intensif Autriche, Maturatraining mit Audio-CD

42 Compréhension de l’écrit  B2 Vrai-Faux-Justification Cours intensif Autriche, Maturatraining, öbv Dans les yeux de Mona Lisa, dite la Joconde Lisez l’extrait d’un roman sur le célèbre tableau de Mona Lisa. Dans ce roman Mona Lisa parle aux lecteurs. D’abord décidez si les affirmations (1–9) sont vraies (V) ou fausses (F) et mettez une croix (  ) dans la bonne case. Ensuite identifiez la phrase du texte qui motive votre décision. Écrivez les 4 premiers mots de cette phrase dans la case pré- vue. Il y a peut-être plusieurs réponses correctes mais vous ne devez en donner qu’une seule. La première réponse (0) est donnée en exemple. Cinq siècles après la mort de Léonard de Vinci, Mona Lisa parle. Elle nous raconte son histoire, depuis le temps où Léonard a fait son portrait à Florence jusqu’à notre époque. Ici elle raconte comment Leo­ nardo a fini le tableau et de la visite d’un autre célèbre peintre, Botticelli, dans l’atelier de Léonard de Vinci. Leonardo travaillait lentement, et j’eus tout loisir de contempler son beau visage aux traits de statue grecque encadré par de longs cheveux et une barbe épaisse. Il y avait de la lumière dans son regard, de la douceur, et parfois aussi des éclairs d’ironie lorsqu’il m’adressait quelques mots. « La Gioconda! » m’avait-il dit le premier jour en plaisantant sur mon nom d’épouse. « Cela m’évoque le latin jucunda qui signifie agréable, plaisante, charmante. Autrement dit, vous allez être obligée de sourire ! » Je ne sais pas si ce jeu sur les mots fut son véritable motif, mais le fait est qu’il décida que sa Gioconda serait souriante. Je n’eus aucune peine à prendre cette expression car j’étais une femme heureuse, alors, et j’avais toutes les raisons d’avoir le sourire. Mais de là à le garder pendant de longues heures de travail, c’était une autre affaire… Mon sourire risquait de se crisper, de se transformer en grimace ! Le Maître le comprit très vite et, un matin, j’eus la surprise de trouver en arrivant un petit orchestre installé dans l’atelier. Contrebasse, flûte, viole et violon, ces instruments accompagnèrent la séance, ce jour-là et les jours suivant. Je peux me flatter, oui, je le dis ainsi car je crois que c’est une chose assez rare, d’être venue au monde en musique… C’est pour cette raison, peut-être, que mon sourire est unique. Au bout de quelques mois, Leonardo déclara qu’il en avait terminé avec moi. Mais ce fut loin d’être vrai. Pendant les années qui suivirent, il s’appliqua à parfaire ma beauté. Quand l’inspiration le prenait, il venait vers moi et me maquillait de quelques touches subtiles, me pomponnait, me lustrait la peau d’une sorte de glacis transparent destiné, disait-il, à rendre son aspect plus lumineux. Il s’obstina longtemps à me parer ainsi, et cela même après que, trois ans plus tard, nous eûmes déménagé à Milan où le gouverneur français du duché lui avait offert un vaste et bel atelier avec une pension annuelle qui lui permettrait de travailler en toute liberté. Leonardo, qui était lassé de Florence et des caprices des Médicis, avait accepté avec plaisir. Avant d’évoquer cette période de ma vie, je tiens à raconter un évènement qui s’est déroulé peu de temps avant notre départ pour Milan. Parmi les très rares visiteurs que le Maître autorisait à venir me voir, il y eut un artiste qui était un de ses plus anciens et proches amis, Sandro Botticelli. L’illustre peintre, qui n’était plus désormais qu’un vieillard malade et tout décrépit, se présenta un matin dans l’atelier en s’appuyant sur ses béquilles. Lorsqu’il arriva devant moi, ses traits se figèrent comme sous l’effet d’une brusque stupeur. Il lâcha une de ses cannes pour porter la main à son cœur, vacilla un instant sur ses jambes torses et, tout à coup, s’effondra de tout son long sur le plancher. Ses yeux étaient fermés, il sem- blait avoir perdu connaissance. Leonardo se précipita pour le relever, mais l’infirme était un homme de forte stature et deux apprentis durent venir à son aide pour le porter jusqu’au fauteuil. Un linge mouillé lui fut passé sur le visage. Lorsqu’il eut repris ses esprits, il murmura d’une voix exsangue : « Jamais je n’aurais cru que l’art pût aller jusque-là ! Non, jamais ! » Leonardo, qui redoutait le jugement de cet ami qui était en même temps un rival, avait du mal à cacher sa satisfaction. Il lui sourit sans répondre. « À côté de cela », reprit Botticelli, « tout ce que j’ai fait ne compte pas. Je n’ai rien compris, rien vu, je me suis trompé sur toute la ligne. Mais toi, oui, tu as trouvé. Ta Gioconda, Leonardo, elle vit ! Félicitations, Maestro ! Je m’incline devant ton génie. » Le visage encore tout pâle, Botticelli se leva pénible- ment, reprit ses béquilles et quitta l’atelier sans ajouter un mot. Leonardo était si bouleversé qu’il ne pensa même pas à le raccompagner. Nur zu Prüfzwecken – Eigentum des Verlags öbv

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